Jacques PELLEN, le GRAND guitariste Breton

Jacques Pellen – concert à Névez en 2014

Jacques Pellen vient de décéder de cette saloperie de coronavirus ce mardi 21 avril 2020.

Hommage de Pierre Monfort : « Je l’ai connu dans les années 1970 lorsqu’il venait faire quelques « boeufs » avec nous dans l’appartement où nous habitions avec mes frères à Brest. La dernière fois que je l’ai revu, c’était lors d’un concert qu’il a donné en 2014 avec deux de ses compagnons à Nevez, au festival de jazz de Jazzy Krampouez. Nous ne nous étions pas revus depuis une quarantaine d ‘années et il ne m’a pas reconnu. Excédé par les nombreuses photos que je faisais de lui pendant le concert, il m’a demandé d’arrêter de le photographier. Jacques n’aimait pas la lumière, ni les photographes. Il était la modestie même et pourtant son talent était à l’équivalent des plus grands guitaristes du moment. Un grand musicien ! « 

Jacques Pellen – concert à Névez en 2014

Hommage d’Yves Monfort : J’ai connu Jacques en 1973 : à quatre mois près nous avions le même âge, et nous étions tous les deux jeunes lycéens à Kérichen. Comme beaucoup, nous étions l’un et l’autre en pleine découverte (passionnée ! ) de la guitare, mais dans des voies très différentes : Jacques était déjà plongé dans un apprentissage « savant », méthodique et rigoureux de l’instrument, cherchant à reproduire, sur une guitare acoustique, de la musique écrite (sous forme de tablatures, dont je découvris grâce à lui l’existence et le fonctionnement), quand j’étais moi-même, sous l’influence bienveillante de mon frère Pierre, porté sur une pratique totalement intuitive de la guitare, électrique cette fois. C’est ce qui fit la richesse et l’enthousiasme débordant de nos fréquentes rencontres guitaristiques, chacun ayant alors volontiers échangé son style pour celui de l’autre…
A l’ heure où j’écris ces lignes, je suis toujours en possession de deux disques noirs qui me viennent de lui, et de cette période : Steve Waring « Spécial guitare » (avec toutes les tablatures, précise la pochette ! ) et John Renbourn « So clear ». S’il en a gardé un de moi, ce pourrait bien être un album de Rory Gallagher… Mais, à cette époque, la plus belle découverte que je lui dois, c’est à coup sûr le premier album de Pierre Bensusan, « Près de Paris ». Ceux qui connaissent ce disque doivent savoir que Jacques jouait comme ça. Mettez-vous à ma place : oui, j’aurais donné ma chemise pour jouer comme lui… Dans la foulée, il a joué en électrique quelques mois dans le groupe de hard-rock que nous avions alors, histoire pour lui de peaufiner son apprentissage dans un style plus rock. Mais ses goûts allaient déjà davantage vers un John MacLaughlin et son nouveau groupe Shakti. Il mit donc rapidement un terme à son parcours de hard rocker. Plus tard, nos chemins se sont à nouveau croisés à l’ Ecole Normale de Quimper où il est entré en 1976. Mais il a rapidement changé de voie. Je suis devenu instit’, lui musicien. Nous ne nous sommes plus jamais revus.
Pour autant, j’ai continué à suivre son parcours de musicien, et je voudrais proposer à tous l’écoute attentive de l’un de ses plus beaux albums, sorti en 2007 : Lament for the children. On trouvera là la pleine puissance de ses capacités d’écriture, en même temps que la révélation de son jeu de guitare si particulier, synthèse de tous les styles qu’il aura aimé aborder tout au long de sa vie.
Pour terminer, un mot de lui que je n’ai jamais oublié. Contrairement à beaucoup d’entre nous dans les années 70, il était déjà pétri, adolescent, d’une grande culture musicale qui lui venait de sa famille. Il parlait souvent de Satie, Messiaen, Debussy…La première note que j’ai entendue de
ce dernier, ce fut chez Jacques, à Kérinou, en 1974. Très déstabilisé par ce qu’il me faisait entendre, je lui dis :

  • …mais ça sonne faux !
  • …pas faux ! …dissonant !…
    Il m’a fallu trente ans pour me rendre compte qu’il avait raison. Autrement dit, il avait déjà, à l’époque, trente ans d’avance sur moi…
    Kenavo, mon cher ami, et passe bien le bonjour à Gabriel Fauré de ma part.
Jacques Pellen – concert à Névez en 2014

Hommage de Jean-Bernard Monfort : « quelle tristesse , j’ai bien connu Jacques, qui était charmant, et d ‘une modestie à toute épreuve, bien qu’excellent guitariste : il avait remplacé Yves au sein de notre groupe, ‘Badge’, pendant la durée du service militaire du frangin ! Toutes mes condoléances à sa famille, et à Yves, mon frangin, également, qui fut, pour lui, et durant de longues années, je pense, un véritable ami ! RIP my friend, et bonne route à toi ! »

Jacques Pellen – concert à Névez en 2014

Hommages de la presse:

Jazz Magazine : https://www.jazzmagazine.com/jazzlive/jacques-pellen-est-mort/

Argedour.bzh : https://www.argedour.bzh/le-guitariste-jacques-pellen-est-decede/

Hommage de sa société de production : https://www.pakerprod.bzh/actu/2020/04/21/la-bretagne-perd-un-grand-artiste-le-guitariste-jacques-pellen-est-decede/

Hommage de Dan-Ar-Braz : Jacques tu étais pour moi un mystère émouvant, un habitant de ma jeunesse, un questionneur pertinent et enrichissant, un magistral artisan musicien, criblé de ces doutes qui nous font grandir, appliqué, d’une façon tellement particulière qu’il m’est difficile de la décrire. Une belle personne pour qui j’avais un immense respect et que j’aimais profondément , un incroyable musicien oui, je n’ai rien d’autre à dire que mon immense tristesse, respect, et mes larmes (Dan ar Braz, 21/04/2020)

Hommage musical de Dan-Ar-Braz et David Le Port

Hommage de Dan-Ar-Braz (Le Télégramme du 21/04/2020) : Dan Ar Braz et Jacques Pellen se connaissaient depuis plusieurs décennies, les deux hommes ayant notamment été associés dans le célèbre projet « L’héritage des Celtes ». Hier, alors qu’il était profondément bouleversé par la disparition de celui qui fut à la fois un ami et un complice guitariste hors pair, le Quimpérois voulait se souvenir de la période la plus récente et en particulier du trio, aux allures d’accord parfait, qu’il formait encore en février dernier avec Jacques Pellen et David Er Porth, et qui a tourné pendant quelques mois en Bretagne et en Normandie : « Quand je repense à tout ce que nous avons vécu, je suis heureux d’avoir pu mener cette dernière aventure, c’est une consolation en ces moments de grande tristesse. C’était en fait un quartet, il ne faut pas oublier José au son, et tout le monde y était heureux, sur scène comme à l’extérieur. en harmonie. Je l’ai senti relâché, rayonnant, dans ces petites salles où on ne s’occupait que de guitare ». Et Dan Ar Braz d’ajouter : « Jacques était quelqu’un un peu sur la défensive, méfiant, qui avait besoin d’être en confiance. Il était généreux et d’une grande gentillesse, mais il fallait le respecter, le laisser venir, sinon il pouvait se fermer. Notamment avec les photographes… Il m’impressionnait, par des doutes sur son travail de musicien, qui lui faisaient dire parfois qu’il aurait voulu être balayeur. J’étais surtout impressionné, alors qu’il jouait toujours avec sérieux et curiosité mes « petites ritournelles », par sa science de la guitare. J’ai découvert qu’il avait appris tous mes vieux morceaux et qu’il était capable d’interpréter des choses de moi qu’il avait entendues dans les années 1980 à la MJC de l’Harteloire à Brest et que je n’étais même plus capable de jouer moi-même. Cela faisait partie de son attention aux autres, presque comme une forme de dévotion. C’était très touchant. »

Hommage de Jean-Charles Guichen : https://youtu.be/Ob69ZPpQEoc

Hommage de Didier Squiban (Le Télégramme du 21/04/2020) : « Pour tous ceux qui ont connu Jacques Pellen, et ceux qui l’ont écouté ou vu sur scène, c’est un grand vide. Nous perdons un copain, et un grand musicien, un « mec » qui recherchait la perfection et savait prendre des risques. Il était fédérateur et savait toujours s’entourer des meilleurs musiciens. Il pouvait avoir un sacré caractère de cochon, mais c’est son intelligence, sa culture et son sens de l’écoute que je retiendrai.De même que la façon très touchante dont il faisait vivre le répertoire de Pierre-Yves Moign ou de Kristen Noguès »

Hommage du Festival interceltique de Lorient : https://www.festival-interceltique.bzh/disparition-de-jacques-pellen/

Laissons le dernier mot à Jacques :

Kenavo Jacques, nous te retrouverons un jour !

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